Communiqué
Conformément à la décision prise par l’Assemblée générale de l’ACER, une délégation s’est rendue le vendredi 25 mai à l’Ambassade de Pologne à Paris.
Parmi les amis présents, Lise London, Cécile Rol-Tanguy, Jean-Claude Lefort, Pierre Rebière et Jean-Paul Chantereau ont été reçus pendant plus d’une heure par le Chargé d’affaires de l’Ambassade, M. Jan Ludwick Wdowik.
D’emblée ils ont exprimé que l’objet de leur présence était de faire part de l’émotion que provoquait la décision polonaise annoncée visant à mettre en cause le rôle des Polonais engagés dans les Brigades internationales en 1936.
Ils ont resitué le contexte de l’époque et l’importance historique sans précédent de cet engagement volontaire des brigadistes polonais et des autres, venus au total de 54 pays, qui se sont engagés les premiers dans la lutte contre le fascisme et le nazisme.
Ils ont rappelé que la guerre d’Espagne n’était pas seulement une guerre civile mais les prémices de la seconde guerre mondiale et qu’à ce titre, les polonais qui s’étaient engagés dans les Brigades, dont de nombreux juifs, constituaient l’honneur de la Pologne.
Ils ont dit, au regard de tous ces éléments relatifs à un passé des plus glorieux et pour les générations à venir – alors que l’Union européenne s’est constituée pour la paix et sur des valeurs de liberté – leur condamnation de cette entreprise qui met aussi en cause l’image de la Pologne en France mais plus généralement en Europe. Ils ont remis les plus de 2.000 pétitions et demandé qu’elles soient communiquées aux autorités polonaises.
Le Chargé d’affaires, exprimant sa compréhension relativement à l’objet de la démarche de la délégation de l’ACER, a resitué le contexte polonais dans lequel cette décision est envisagée, à savoir la loi dite de « décommunisation » du pays, et il a expliqué, à propos de rues qui avaient été débaptisées que cela résultait de décisions prises par des autorités locales polonaises compétentes et que cela était aussi à replacer dans le contexte de ladite loi.
La délégation de l’ACER a insisté sur le fait que les événements dont il est question avec les Brigadistes polonais étaient bien antérieurs à la mise en place du système touché par la loi dite de « décommunisation » et que notre démarche concerne cette période et aucune autre. Elle a rappelé que les Brigadistes polonais s’étaient engagés en 1936 alors que la Pologne n’avait pas le régime aujourd’hui concerné par cette loi. De même, à vouloir tout mêler, par volonté ou bien par méconnaissance, on aboutit à des outrances supplémentaires inacceptables : débaptiser les rues du nom du général Jaroslaw Dombrowsky n’avait rien à voir non plus avec la période visée par cette loi puisque celui-ci, dont les Polonais engagés dans les Brigades donnèrent son nom à leur bataillon, ce général héros de l’indépendance polonaise, était mort en mai 1871 sur les barricades de la Commune de Paris. Elle a rappelé que le départ d’Espagne des Brigadistes qui étaient venus volontairement se battre aux côtés de la République avait eu un effet immédiat : les accord de Munich qui ouvraient en grand la voie à la seconde guerre mondiale et à la barbarie nazie dont la Pologne eut aussi à souffrir.
Le Chargé d’affaires de l’Ambassade de Pologne a déclaré parfaitement comprendre ces éléments qui, effectivement, endommageaient l’image de la Pologne. Il s’est engagé à faire connaître notre opinion et son sentiment auprès des autorités de son pays. La délégation de l’ACER a tenu à le remercier.
Paris, le 25 mai 2007