Journal l'Humanité
Rubrique International
Article paru dans l'édition du 14 mars 2007
Monde
Les brigadistes polonais éliminés de l’Histoire
Pologne . Le gouvernement considère les combattants en Espagne républicaine comme des « traîtres ».
Le gouvernement de Varsovie met en place actuellement une série de mesures visant à éliminer de l’histoire du pays le souvenir des brigadistes polonais qui ont combattu pour la défense de la République espagnole contre l’agression combinée de Franco, Hitler, Mussolini et Salazar. Les brigadistes sont qualifiés par les autorités polonaises de « traîtres et criminels ».
Plusieurs dispositions et un projet de loi sont en cours d’élaboration à l’encontre des brigadistes : suppression de la pension d’ancien combattant, élimination des noms d’une rue et d’une école à Varsovie à la mémoire des anciens de la brigade Dombrowski. Pour le gouvernement polonais, les brigadistes furent des « traîtres » parce qu’ils seraient partis combattre en Espagne pour « construire le communisme » et qu’ils auraient contribué à la consolidation du « régime totalitaire » en formant « un groupe influent » au sein du parti communiste polonais.
Les autorités polonaises avaient déjà fait disparaître du monument au soldat inconnu de Varsovie les noms des principales batailles (Ebre, Brunete, Jarama) auxquelles les brigadistes polonais avaient participé en Espagne.
Après le déclenchement de la guerre d’Espagne, de nombreux Polonais - communistes et non communistes - avaient rejoint les Brigades internationales. Leur brigade portait le nom de Dombrowski. Plusieurs centaines d’entre eux sont morts au combat et la plupart des survivants jouèrent un rôle déterminant dans la résistance à l’occupation nazie. La Pologne élimine de l’histoire les brigadistes alors qu’en Estonie les anciens SS font l’objet d’hommages officiels répétés. Sans aucune réaction de l’Union européenne alors que ces deux pays sont membres des 27.
Les mesures annoncées à Varsovie provoquent en Espagne de vives réactions. À Paris, l’Association des amis des combattants en Espagne républicaine a fait connaître mardi son « indignation » et va lancer une pétition de protestation sur son site internet (http://www.acer-aver.fr)
José Fort