Sam Russell, célèbre brigadiste britannique est mort

Voici le texte intégral rédigé par le journaliste anglais, Peter Avis, sur la disparition de Sam Russell.

Sam Russell, figure emblématique des brigades internationales qui combattaient le fascisme en Espagne avant la deuxième guerre mondiale, est mort à Londres le 2 octobre à l’age de quatre-vingt-quinze ans. Il avait présidé, avec son humour cuisant, à une réunion de l’association britannique qui perpétue le souvenir des brigades, seulement huit jours avant sa mort.

L’année dernière, Russell (son vrai nom étant Lesser, de son origine dans une famille juive polonaise) a été honoré avec sept autres survivants britanniques et irlandais de la guerre contre Franco qui ont reçu des passeports espagnols, livrés dans une cérémonie chaleureuse à l’ambassade de l’Espagne à Londres.

Blessé en Espagne en 1937, Russell a entamé une carrière journalistique de grande envergure dans la presse communiste qui l’a amené dans bien des endroits chauds du vingtième siècle.

Correspondant en France en 1939, il a interviewé Maurice Thorez en fuite en Belgique. Après la guerre, comme correspondant du Daily Worker à Moscou, il a assisté au congrès du parti communiste soviétique en 1956, quand Nikita Khrushchev a vivement critiqué en session supposée secrète « le culte de la personnalité » de Staline.

Ayant déjà été présent au procès pour l’exemple de Prague qui a condamné Rudolf Slansky et dix autres communistes à mort en 1953, puis à Budapest lors de la répression de 1956 et en Tchécoslovaquie de nouveau après la suppression du « Printemps de Prague », Russell est devenu de plus en plus sceptique envers l’expérience soviétique, mais plutôt en conversation animée que dans ses papiers de l’époque. Plus tard, à l’age de soixante-dix ans, il s’est adhéré au parti travailliste.

En 1962, Sam Russell a passé une nuit en conversation avec Che Guevara à la Havane en pleine crise des missiles ; et en 1973, il s’est trouvé à Santiago la nuit où le général Pinochet a lancé le coup pour renverser le président Salvador Allende et le gouvernement démocratique en Chile. Son reportage dans le Morning Star, titré « J’ai vu la démocratie assassinée », marquait un grand moment d’une carrière remarquable, qui a comporté aussi des reportages de la Chine et du Vietnam et qui n’a terminé qu’à sa retraite en 1984. On attend la publication d’une biographie saisissante.

Peter Avis

 

 

Photo de Sam Russell, par Eamonn McCabe, trouvée dans les archives du Guardian