Pierre Rebière, Secrétaire général de l'A.C.E.R. est intervenu en cloture du Colloque scientifique "Passé et actualité de la Guerre d'Espagne."

        Il revient maintenant à l'ACER, en tant qu'instigatrice de ce très utile Colloque scientifique "Passé et actualité de la Guerre d'Espagne", d'apporter en clôture son salut et ses remerciements.
Je le fais donc en lieu et place de son co-Président Jean-Claude Lefort, retenu à Malte par son travail de parlementaire.
Nos remerciements vont d'abord à nos partenaires, sans qui rien n'aurait pu se faire :
·         la Ville de Paris et son Maire Bertrand Delanoé, qui avec Anne Hidalgo et Odette Christienne, nous ont offert cadre, couvert, attention et sympathie,
·         la B.D.I.C., sa Directrice Mme Geneviève Dreyfus-Armand et ses collaboratrices,
·         le Musée Jean Moulin/Mémorial Maréchal Leclerc infatigablement animé, malgré les épreuves, par Mme Christine Levisse-Touzé,
·         le Musée de l'Ordre de la Libération et son Directeur M. Vladimir Trouplin,
·         enfin,le Musée de la Résistance Nationale, installé à Champigny-sur-Marne avec M. Guy Krivopissko et ses collaborateurs, je veux dire ses aides de camp…
Nos remerciements vont ensuite à tous les intervenants, témoins, acteurs, historiens, universitaires parfois venus de loin qui ont conféré, nous le pensons, à ces débats, un caractère de référence, d'autant plus d'ailleurs que les Actes de ce Colloque seront publiés (en 2007 probablement).
Nos remerciements vont enfin au public, à toutes celles et à tous ceux qui ont assisté, voire participé, à ces débats ou à une partie d'entre eux.
Je peux, pour ma part, témoigner de l'excellent climat dans lequel les partenaires les coproducteurs ont oeuvré d'un bout à l'autre de la réalisation. Aucun désaccord, ni sur le découpage des séquences, ni sur les thèmes abordés, ni sur les intervenants, ni sur les financements. Entente parfaite et entente cordiale mais, ici, sans arrière-pensée, coloniale ou autre : pas de Delcassé ; et Chamberlain n'est pas intervenu. Forcément...
Notre voeu était, à notre niveau, de contribuer à sortir cet événement majeur du XXéme siècle que fut la guerre d'Espagne, de son sarcophage, de sa "chape de plomb mémorielle" pour reprendre l'expression de Mme Odette Martinez-Maler ; une guerre réduite à sa dimension de guerre civile de plus, et qui a été ; est encore, mais moins grâce aux travaux des chercheurs, victime d'une conspiration du silence sur fond de consensus hétéroclite international :
·         De la part de démocraties européennes (notamment France ou Royaume-Uni)qui,en leur temps,avaient pratiqué cette non neutralité (terme minimaliste) que fut la "non-intervention"
·         De la part de pays devenus, plus ou moins tard, des démocraties parlementaires après de plus ou moins longues dictatures fascistes : Italie, Portugal, Allemagne, Espagne.
Comme si ce conflit ou cette dictature franquiste constituait encore un tabou au même titre que les camps de la mort, la disparition des libertés, les massacres "légaux" et les charniers.
·         De la part des ex-"pays de l'Est", où les Anciens d'Espagne survivants et de retour au pays avant ou après 1945 ne furent pas, il s'en faut, reçus à bras ouverts mais, au contraire, connurent très vite, du fait de leur clairvoyance et de leur libre-pensée internationaliste, les bagnes, prisons et pelotons d'exécution du stalinisme.
C'est donc l'honneur des derniers témoins et acteurs encore en vie d'inlassablement militer pour la mémoire des leurs, contre l'oubli, les falsifications, les silences ou les faux aveux.
C'est aussi l'honneur des historiens de retourner aux sources, archives, documents et même aux résultats des exhumations, pour faire leur métier, non pour décerner bons ou mauvais points mais non plus sans sombrer dans la facilité ou la pseudo "objectivité" du renvoi des "deux camps"
(Comme on dit) "Dos à dos", comme on dit aussi. Car en effet, sous d'autres formes, c'est un"face-à-face" qui n'a jamais cessé et qui perdure,et pas seulement en Espagne,entre les partisans des dictatures, y compris à la Franco, et les indestructibles et persévérants tenants, sur la planète entière, des libertés de "89".
Ceux qui combattaient aux côtés de la IIème République espagnole furent à la pointe du combat libérateur de la France occupée et collaborationniste. En ce lieu même de l'Hôtel de Ville de Paris eurent lieu des retrouvailles entre les FFI Parisiens de l'ancien commissaire politique de la XIVème Brigade "la Marseillaise" le Colonel Henri Tanguy devenu "Rol-Tanguy" en hommage à son camarade Rol tombé à ses côtés à la bataille de l'Ebre en 1938 et le détachement de la 9ème Compagnie de la 2ème D.B. du Général Leclerc,avec ses équipages d'Espagnols et ses véhicules blindés aux noms évocateurs et chargés de sens de "Madrid","Téruel", "Guadalaraja" et autres lieux glorieux.
Notre démocratie restaurée doit beaucoup à ceux-là mêmes que la IIIème République agonisante avait si indignement parqués comme des pestiférés; et la IVème puis la Vème furent bien oublieuses et ingrates qui exilèrent des exilés...
L'A.C.E.R. héritière des idéaux de l'A.V.E.R. (Amicale des Volontaires en Espagne Républicaine), est fière d'avoir pu, avec ses partenaires et en ces lieux prestigieux, contribuer à réduire, tant soit peu, des injustices et une dette morale inextinguible de notre pays envers les démocrates combattants de la guerre d'Espagne dont le message universel est toujours vivant et imprègne encore notre temps.
"¡No pasaran!" disaient-ils!
Nous continuons à redire aujourd'hui et s'agissant de mille fléaux inhumains et guerriers :
"¡No pasaran!"
Ce cri, ce trait d'union permanent, c'est par essence le lien entre les combats du passé et ceux de l'actualité de 2006, dans tous les pays, et peut-être aussi de 2007...
Je vous remercie de votre attention.